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PERDANT de l’altitude, il atteignit la plaine qu’il entreprit de survoler en rase-mottes afin de ne pas courir le risque d’être repéré par un appareil des Cloches Noires. Il franchit des étendues couvertes d’herbe haute, des collines basses et des bouquets d’arbres, dispersant des troupeaux de grands mammouths gris, des mastodontes des plaines d’énormes bisons velus, des bandes de chevaux sauvages et de chameaux des plaines dégingandés, efflanqués et à la tête craintive. Il épouvanta le Felis Atrox, le terrible lion de cinq cents kilos, le lion-guépard aux longues pattes et au faciès canin, le tigre aux dents de sabre, le mégathérium à poil long et à l’expression stupide, le loup féroce dont la hauteur atteignait deux mètres à l’épaule, l’archaïque baluchithérium haut de sept mètres et à la tête d’âne et le mégacéros, sorte de daim aux andouillers de quatre mètres. Il fit fuir des milliers d’antilopes de toutes espèces, dont l’une, fort étrange, possédait une longue corne fourchue plantée entre les yeux et le nez. Il sema la panique parmi une harde de cochons géants, hauts de deux mètres à l’épaule, et força à la fuite un monstre recréé dans les laboratoires de biologie de Wolff, un brontothérium, un être de cauchemar gris, long de cinq mètres et haut de trois à l’épaule, avec une grande corne plate au bout de son mufle, qui faisait trembler le sol sous sa course. Il sema la débandade parmi les coyotes, les renards, des oiseaux coureurs pareils à des autruches ; il dispersa des vols de canards, d’oies, de cygnes, de hérons, de cigognes, de pigeons, de vautours, de buses et de faucons. Il survola à toute vitesse des milliers d’espèces de carnassiers et de mammifères et des millions de formes de vie différentes, contemplant en trois heures ce qu’il n’aurait pu voir en cinq ans de chevauchées à terre.

Il survola des camps appartenant à plusieurs nations des Plaines, les tentes ou les huttes rondes des Wingashutahs, des Khaikhovas, des Takotitas. À un certain moment, il aperçut une troupe d’Hommes-Chevaux en marche. De fiers guerriers montaient la garde de tous côtés, escortant les femelles qui portaient sur des perches les biens de la tribu et les jeunes qui sautaient et gambadaient comme des poulains. Kickaha était fasciné par ces spectacles. Seul de tous les hommes qui peuplaient la Terre, il avait eu le privilège de pouvoir vivre dans ce monde. Jusqu’alors, il avait eu beaucoup de chance et, eût-il dû mourir à l’instant même, il n’aurait pas pu dire que son existence avait été gâchée. Au contraire, il lui avait été accordé ce que peu d’hommes avaient obtenu, et il en était reconnaissant. Mais en dépit de cela, il entendait bien continuer à vivre. Il avait encore beaucoup à voir, à explorer, à admirer ; beaucoup de choses à dire, et beaucoup de belles femmes à aimer. Et des ennuis à combattre jusqu’à la mort.

Cette dernière pensée venait de l’effleurer lorsqu’il aperçut un étrange groupe dans la prairie. Il ralentit et remonta jusqu’à quinze mètres d’altitude. C’étaient des Drachelanders à cheval, accompagnés par une petite troupe de Tishquetmoacs également à cheval… et par trois Cloches Noires. Il voyait distinctement les coffrets d’argent suspendus à leur selle.

Le groupe, qui s’était arrêté à la vue de l’engin volant, se remit en marche. Ils pensaient sans doute qu’il s’agissait d’autres Cloches Noires en patrouille aérienne. Kickaha ne leur laissa pas le temps de se convaincre de leur erreur. Il se posa brusquement. Anania braqua son lance-rayons et coupa en deux les trois Cloches Noires. Le reste du groupe, pris de panique, s’égailla au galop dans tous les sens. Kickaha descendit et s’empara des coffrets, avec l’intention de les jeter un peu plus tard dans le fleuve Petchotakl. Il n’arrivait pas à comprendre comment cette expédition, partie de Talanac, avait pu arriver aussi loin, même en chevauchant jour et nuit. En outre, elle venait de la direction opposée à la ville de jade. Il lui vint à l’idée qu’ils avaient dû emprunter une « porte » pour parvenir jusqu’à cette région. Il se souvint d’une « porte » cachée dans une caverne, au milieu d’une chaîne de collines rocheuses de peu d’altitude mais escarpée à environ quatre-vingts kilomètres à l’intérieur du pays. Il s’y rendit avec l’engin volant et découvrit ce à quoi il s’attendait. Les Cloches Noires y avaient laissé une garde importante afin de s’assurer que Kickaha n’empruntait pas ce passage. Prenant les soldats par surprise, il les grilla jusqu’au dernier et se faufila avec l’appareil dans la caverne. Une Cloche Noire se tenait à quelques mètres de la grande porte circulaire massive. D’une décharge, Kickaha lui transperça la poitrine.

« Seize d’abattus. Reste trente-quatre », dit-il à Anania. « Et peut-être un grand nombre de ceux qui restent vont-ils être éliminés dans les minutes qui vont suivre.

— Est-ce que tu as l’intention de franchir cette porte ? » demanda-t-elle.

« Elle doit communiquer avec la grille du Temple de Talanac », répondit-il. « Mais peut-être devrions-nous la garder pour plus tard, lorsque nous disposerons de renforts. »

Il ne lui donna pas d’explications, et lui demanda simplement de l’aider à se débarrasser des corps.

« Nous allons disparaître pendant quelque temps », dit-il « Si d’autres Cloches Noires viennent jusqu’à cette porte, ils ne sauront pas ce qui s’est passé. Ils ne soupçonneront rien. »

Le plan de Kickaha avait de bonnes chances de réussir, mais seulement dans l’éventualité où il pourrait réaliser effectivement la suite de son projet.

Ils survolèrent la rivière et aperçurent tout à coup une flotte d’embarcations, dont deux naviguaient en tête, qui descendaient le courant. Elles rappelaient les barques des Vikings avec leur proue sculptée en forme de dragon. Les hommes qui les montaient, vus de loin, ressemblaient à des Nordiques. Ils étaient grands et athlétiques, portaient des casques ailés ou à cornes, et étaient vêtus de culottes en peaux de bêtes. Ils étaient armés de haches à deux tranchants, de sabres et de lourdes lances et avaient des boucliers ronds. La plupart d’entre eux avaient des barbes teintes en rouge, mais certains étaient imberbes. Une volée de flèches le salua alors qu’il piquait vers la rivière. Il continua néanmoins à se rapprocher de la barque de tête à l’avant de laquelle se tenait un homme vêtu de la longue robe à col rouge des prêtres. Quand l’équipage eut utilisé toutes ses flèches, Kickaha s’approcha tout près de la barque. Des lances volèrent et certaines d’entre elles atteignirent l’appareil. Mais Kickaha manœuvra de manière à ce qu’aucun projectile ne pénètre dans l’habitacle. Il s’adressa au prêtre dans la langue des Seigneurs et le roi, Brakya, consentit à parler à Kickaha par son intermédiaire. Tons deux se rencontrèrent sur une des rives du fleuve.

Les Barbes Rouges avaient de bonnes raisons pour manifester leur hostilité. Une semaine auparavant, un engin volant avait mis le feu à plusieurs de leurs villes et tué un certain nombre de jeunes hommes. Les agresseurs présentaient tous une ressemblance superficielle avec Kickaha. Ce dernier entreprit d’expliquer au roi ce qui se passait, ce qui lui demanda deux jours. Il fut retardé par la nécessité de parler par l’intermédiaire de Yalkhsguma, nom que l’on donnait aux prêtres en langue thyuda. Kickaha monta haut dans l’estime de Brakya lorsque Withrus, le prêtre, expliqua qu’il était la main droite d’Atlwaldands, le Tout-Puissant. On remit au lendemain le départ de toute la flotte qui devait continuer à descendre la rivière. Les chefs et Withrus prirent place dans l’engin volant et Kickaha les conduisit jusqu’à la caverne où se trouvait la « porte ». Une fois là, il expliqua une nouvelle fois son plan. Brakya aurait désiré une démonstration pratique mais Kickaha lui dit que cela ne manquerait pas de signaler aux Cloches Noires qui se trouvaient à Talanac que la grille était ouverte aux envahisseurs.

Plusieurs jours s’écoulèrent pendant lesquels Kickaha conçut des plans, qu’il expliqua ensuite en détail, pour faire transiter cinq mille guerriers par la « porte ». Il serait indispensable de respecter le minutage si l’on voulait faire pénétrer un grand nombre d’hommes par la « porte » en même temps, car dans l’éventualité contraire certains soldats risqueraient fort de se voir coupés en deux au moment de son activation. Il fit remarquer que, du moment que les Cloches Noires et les Drachelanders étaient venus en très grand nombre, il n’y avait pas de raison pour que les Barbes Rouges ne réussissent pas à en faire autant. En même temps qu’il donnait ces explications et ces consignes, il était exaspéré, impatient et mal à l’aise, mais il n’osait pas le montrer. Podarge devait avoir envoyé son immense armada ailée à l’attaque de Talanac. Si elle avait eu l’intention de détruire les Barbes Rouges au préalable, ses aigles se seraient déjà manifestés depuis longtemps.

Brakya et les chefs étaient maintenant pressés de partir. Les descriptions enthousiastes et pittoresques que Kickaha avait données des trésors de Talanac avaient fait d’eux ses partisans fanatiques.

Kickaha fit exécuter une maquette grandeur nature de la « porte » et, avec l’aide des chefs, il fit faire aux hommes des exercices d’entraînement qui durèrent trois jours et une bonne partie des nuits. Lorsque les hommes eurent parfaitement compris ce que l’on attendait d’eux, tout le monde était exténué et d’humeur irritable.

Brakya décida qu’il était nécessaire de se reposer un jour entier avant de s’embarquer. Se reposer, cela signifiait pour lui amener dans le camp de grands barils de bière et des tonnelets d’alcool entreposés dans les cales des navires et les vider pendant que l’on ferait rôtir des daims, des bisons et des chevaux sauvages. Il y eut beaucoup de cris, de chants, de rires, de vantardises, et de nombreuses querelles qui dégénérèrent en rixes, à la suite desquelles il y eut pas mal de blessés et même des morts.

Kickaha obligea Anania à demeurer sous sa tente, en partie parce que Brakya n’avait fait aucune effort pour cacher l’envie qu’il avait d’elle. Si jusqu’alors il n’avait pas dépassé le stade des compliments grivois voisins de l’obscénité (tout à fait acceptables chez les Thyudas, expliqua le prêtre), il se pouvait fort bien qu’il passât à l’action si l’alcool le libérait de ses inhibitions. Kickaha serait alors contraint de se battre avec lui car chacun était persuadé qu’Anania était sa femme. En fait, ils durent partager la même tente pour sauver les apparences.

Cette nuit-là, Kickaha dut accepter le défi que lui lançait Brakya (il s’agissait de savoir lequel d’entre eux résisterait le mieux à la boisson), car refuser eût été perdre la face. Brakya avait naturellement l’intention de le faire sombrer dans l’inconscience, ce dont il profiterait pour se rendre dans la tente d’Anania. Il pesait environ vingt kilos de plus que Kickaha et il était fort capable de gagner son pari. Néanmoins ce fut lui qui s’endormit le premier à l’aube, au grand amusement de ceux qui ne s’étaient pas écroulés avant lui.

L’après-midi, Kickaha sortit de la tente d’un pas mal assuré, le crâne aussi douloureux que s’il avait essayé d’assommer un bison à coups de tête. Brakya se réveilla un peu plus tard et il faillit se faire éclater la rate tant il rit de ce qui était arrivé. Il n’était aucunement en colère contre Kickaha et, lorsqu’Anania sortit à son tour de la tente, il la salua avec respect. Kickaha était heureux que l’affaire se soit réglée sans anicroches, mais il ne voulait pas que l’attaque soit lancée ce jour-là ainsi qu’il avait été prévu. L’armée aux jambes flageolantes n’était même pas en état de se battre contre des femmes.

À un certain moment, un corbeau de la taille d’un aigle de la Terre, un des Yeux de Wolff, se posa sur une branche au-dessus de Kickaha. Il s’adressa à lui d’une voix rauque et croassante :

« Salut Kickaha ! Il y a longtemps que je te cherche. Wolff, le Seigneur, m’envoie te dire qu’il doit quitter le palais pour un autre univers. Quelqu’un lui a volé sa Chryséis. Il part à la recherche du ravisseur pour le tuer. Ensuite, il reviendra avec sa compagne. »

L’Œil du Seigneur lui décrivit alors les pièges qui étaient demeurés activés au palais, puis il lui indiqua les « portes » qui étaient ouvertes et la manière d’entrer au palais et d’en sortir en toute sécurité, s’il le désirait.

Kickaha expliqua à l’oiseau que la situation avait changé et que les Cloches Noires occupaient le palais. Le corbeau n’eut pas l’air très étonné en entendant ces nouvelles. Il avait appris que Kickaha se trouvait à Talanac et il s’y était rendu.

Il avait vu les Cloches Noires, bien qu’il ne sût pas alors de qui il s’agissait. Il avait également vu les aigles verts de Podarge au moment où ils partaient à l’attaque de la ville de jade. Ils projetaient une ombre immense qui marquait le sol d’un signe funeste, et le battement de leurs ailes ressemblait au bruit des tambours du jugement dernier.

Kickaha posa plusieurs questions à l’Œil du Seigneur, et il déduisit de ses réponses que l’armada ailée s’était abattue sur Talanac le jour précédent.

Il alla à la recherche de Brakya, qui dans l’intervalle avait fait renouveler la provision de bière et d’alcool, et lui apprit la nouvelle. Des cris et des rires d’ivrognes avaient recommencé à s’élever partout dans le camp. Brakya donna des ordres. On souffla dans de longues trompes, et l’on fit battre les tambours de guerre. L’armée se rangea en bataillons passablement désordonnés mais néanmoins reconnaissables. Brakya et les chefs prirent la tête, suivis de Kickaha et Anania qui portaient un des gros lance-rayons de l’engin volant. Les guerriers chevronnés se placèrent derrière eux, deux d’entre eux portant le second lance-rayons. En queue de colonne venaient les soldats imberbes, qui ne seraient autorisés à laisser pousser leur barbe et à la teindre en rouge que lorsqu’ils auraient tué un ennemi au combat.

L’armée s’ébranla. Parvenus à la caverne, Kickaha, Anania, Brakya et six chefs pénétrèrent vivement à l’intérieur du cercle de métal gris. Le chef du groupe qui suivait se mit à compter pour vérifier le temps d’activation.

Sans transition, le groupe de neuf se retrouva dans une salle au plafond en dôme. Ce n’était pas l’immense pièce du temple dans laquelle Kickaha avait cru aboutir, mais une salle plus petite, toutes proportions gardées. Il la reconnut immédiatement. La salle était située à proximité du centre de la ville, emplacement qu’il n’avait pu atteindre lorsqu’il était poursuivi par les Cloches Noires. Il fit sortir du cercle les Thyudas, qui demeuraient sans parole devant ce tour de magie.

Les événements évoluèrent ensuite rapidement, mais au prix de nombreux efforts et aussi de nombreuses vies. La vieille ville était en flammes. Des incendies se déchaînaient partout, provoqués par des aigles qui avaient laissé tomber des torches enflammées. La ville de jade elle-même paraissait intacte, mais des milliers d’aigles se consumaient lentement en grésillant, abattus et brûlés par les lance-rayons des Cloches Noires. Des centaines de cadavres d’oiseaux géants, de Tishquetmoacs et de Drachelanders gisaient dans les rues et sur les toits des habitations. Des combats étaient en cours, la plupart au sommet de la ville, à proximité du temple et du palais de l’empereur.

Les défenseurs de la ville et les aigles verts étaient tellement pris par le combat que trois mille Barbes Rouges avaient réussi à franchir les portes lorsqu’ils s’aperçurent de leur présence. À ce moment-là, il était trop tard pour s’opposer à l’entrée du reste de l’armée. Des centaines d’aigles abandonnèrent le champ de bataille pour fondre sur les nouveaux venus, et de ce moment Kickaha ne se préoccupa plus que de lâcher rafale sur rafale avec son lance-rayons tout en passant d’une rue à l’autre au milieu du sang, de la fumée et des flammes. Quand les batteries d’alimentation de l’arme furent épuisées, il la jeta et empoigna son lance-rayons portatif.

Avant que l’avant-garde des Barbes Rouges eût atteint le sommet de la ville, tous les lance-rayons étaient déchargés et inutilisables, et les combats se poursuivirent uniquement à l’arme blanche.

Dans le temple, Kickaha découvrit un groupe de corps carbonisés que seuls les coffrets d’argent qu’ils portaient en bandoulière permettaient d’identifier comme étant des Cloches Noires. Il en dénombra six, que des aigles avaient abattus à l’aide de lance-rayons. Cela avait dû se passer dans les premières heures de la bataille, peut-être même dans les premières minutes de cette attaque surprise. Les aigles avaient été tués à leur tour mais ils avaient causé un nombre de morts catastrophique parmi les Cloches Noires.

Il découvrit successivement quatre autres cadavres de Cloches Noires avant de se retrouver abruptement en compagnie d’Anania, de Brakya et d’autres Thyudas dans une immense salle où les Cloches Noires avaient installé une grande « porte » permanente. Podarge et ses aigles, ou du moins ce qu’il en restait, avaient réussi à cerner un certain nombre de Tishquetmoacs et de Drachelanders, plus deux – non, trois Cloches Noires : von Turbat, von Swindebarn et l’empereur des Tishquetmoacs, Quotshaml. Ils étaient entourés de soldats dont le nombre diminuait rapidement sous les coups assenés par la harpie qui se déchaînait en compagnie de ses oiseaux géants.

Kickaha, Anania et les Barbes Rouges entrèrent alors en action, Kickaha attaqua les aigles par derrière et bientôt des plumes, du sang et des débris de chair volèrent de toute part. Kickaha exultait et poussait des cris de joie en faisant des moulinets avec son épée. La fin était proche pour ses ennemis.

Mais, dans la mêlée qui suivit, il aperçut les trois Cloches Noires qui, désertant le combat et abandonnant leurs troupes, se mettaient à courir dans la direction du grand cercle de métal gris qui constituait la « porte ». Podarge et plusieurs de ses aigles se lancèrent à leur poursuite. Kickaha les suivit. Les Cloches Noires disparurent, puis Podarge, et les aigles s’évanouirent à leur tour dans le passage.

Kickaha était tellement déçu qu’il en aurait pleuré, mais il n’avait pas l’intention de les poursuivre. Les Cloches Noires avaient certainement pris la précaution de disposer un certain nombre de pièges et Podarge et ses aigles avaient dû s’y laisser prendre. Bien qu’il brûlât de l’envie de s’emparer des Cloches Noires, il n’allait pas se laisser piéger à son tour. Il entreprit de rebrousser chemin, mais il dut se défendre contre l’attaque de deux oiseaux géants. Il réussit à les blesser assez sérieusement pour leur ôter l’envie de s’approcher trop près de lui, mais ils s’obstinèrent et le contraignirent à reculer lentement vers le grand cercle de métal gris. L’un des deux aigles s’avança courageusement en donnant de grands coups de bec et Kickaha dut feinter du corps pour éviter d’être atteint. L’autre oiseau s’avança à son tour et attaqua, le contraignant également à feinter puis à rompre.

Il ne pouvait pas appeler à l’aide, car chacun des autres combattants avait ses propres problèmes à résoudre. Il se rendit soudain compte qu’il allait être obligé d’emprunter le passage car il reculait constamment sous la pression de ses deux adversaires et n’allait pas tarder à être déchiqueté par les énormes becs crochus. Changeant de tactique, les deux oiseaux géants se séparèrent et l’un d’eux manœuvra pour venir se placer derrière lui. Il para la manœuvre mais pensa que si l’idée leur venait de se placer de part et d’autre, il ne pourrait en attaquer un sans se mettre automatiquement à la portée du bec de l’autre.

Il lança un regard désespéré autour de lui, et vit qu’Anania et les Barbes Rouges étaient pour l’instant incapables de venir à la rescousse. Il fit donc la seule chose qu’il pouvait faire en l’occurrence : il recula jusqu’à la « porte » et fit tourbillonner son épée à toute vitesse pour s’octroyer les quelques secondes nécessaires à son activation. Quelque chose alors le frappa – le bout d’une aile, peut-être – et il sombra dans une demi-inconscience.

Cosmos Privé
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